vendredi 6 février 2015

Le doute m'habite

Je suis parti récemment à l'étranger pour mon travail. Comme souvent, je me suis connecté sur le site craigslist.org, réputé pour ses annonces coquines sulfureuses et gratuites, afin d'éventuellement prendre un verre avec une demoiselle voire plus si affinités. Il y a beaucoup de prostitution sur ce genre de site, il faut savoir faire la part des choses. Je ne suis pas radin du tout, je ne conçois simplement pas le sexe tarifé comme quelque chose d'excitant ou alors dans le cadre d'un jeu dans un couple, par exemple.

Souvent vouée à l'échec, cette recherche via ce site a, pour une fois, abouti. Une femme, se disant artiste, s'exprimant dans un anglais limpide, voulait, comme moi, passer un "sympathique moment entre adultes". Etonné de ne pas avoir affaire à une énième mytho ou à une prostituée, je me suis empressé de vérifier que cette personne était réelle, par un échange simple d'emails. Cette femme existait bien. Elle cherchait vraiment un peu de cul, soyons clairs. Et ne demandait pas d'argent. Et me joignait des photos d'elle, dans le plus simple appareil, elle avec un dildo, elle les seins à l'air, elle avec un collant troué. Elle avec un joli sourire. Bref, elle.

Merdum.

Me voilà confronté à la réalité du sexe sans lendemain, quelque chose que je n'ai jamais pratiqué de toute ma vie. On peut être coquin et avoir des standards, des bases de romantisme, de conquête, d'effleurements, de montée progressive du désir.

Excité, intrigué mais surtout perturbé, je repousse un peu ses limites. J'exige qu'il n'y ait aucun échange de fluides - comprenez: pas de cunni, pas de fellation sans préservatif - que tout ceci risque d'être un peu fade sans lâcher prise. Elle dit OK. Elle dit qu'elle comprend tout ce que je lui expose, elle m'appelle Mr "Confused".

Re-merdum.

Une nuit passe au cours de laquelle j'ai du mal à trouver le sommeil. Je vais chercher au plus profond de moi toutes les bonnes raisons de la rencontrer, et toutes les bonnes raisons de ne pas le faire. Le conflit est perpétuel, le pour et le contre s'affrontent dans un big bang ultra violent, partagé entre l'appel de la découverte et celui de la raison. Je pense à ma vie qui est belle, à mon amoureuse de qui je n'ai pas à me plaindre sexuellement parlant (ni pour le reste, d'ailleurs), à mes fameux standards, à mon besoin d'avoir un embryon de connivence intellectuelle - le moteur du sexe chez moi.

Au matin, ma décision est prise: il n'y aura pas de suite.

Cet épisode, troublant, m'a mis devant mes contradictions qui sont nombreuses. On peut être coquin, joueur, sexuel et ardent, tout ceci n'a vraiment de sens, pour moi, que si le sexe s'inscrit dans une suite logique d'échanges, de rires, de partages, de désir mutuel. Je peux être une sex machine déchaînée et puissante, mais pas avec n'importe qui.

Et de toute façon, j'ai du mal avec les collants, ouverts ou non.




mercredi 28 janvier 2015

China Girl

Parfois, quand l'envie me prend, je vais me faire masser dans une de ces petites boutiques chinoises fleurissant un peu partout dans Paris. C'est la curiosité qui m'a poussé à entrer pour la première fois. J'avais tellement entendu de choses sur le sujet, y compris sur un site dédié à ce type de pratiques, que j'ai voulu vérifier par moi-même. Adepte des massages en général, la tentation était trop grande.

La première fois, comme toutes les premières fois, l'émotion et une certaine nervosité prévalent. On est un peu gauche, un peu timide, un peu con. On ne sait pas comment ça marche, on ne sait pas ce qu'on va trouver derrière la porte. On hésite. Un peu comme la première fois qu'on achète une revue porno, on regarde à droite à gauche. Puis on franchit le seuil.


En général, il y a deux ou trois Chinoises plus ou moins jeunes qui attendent, assises, tout en discutant ou en s'activant sur leur téléphone portable. Une sorte de menu est tendu au visiteur, ainsi qu'un sourire. Ce menu détaille les massages prodigués et les prix. Comptez 40€ pour un massage chinois d'une heure. On paye en cash.

La demoiselle, que vous ne choisissez pas, vous conduit dans une petite pièce chauffée, et dont la lumière est fortement tamisée. La musique d'ambiance est la même que dans les restaurants chinois. Il y a soit une table de massage, soit un futon. L'ambiance est douce et protectrice.

Une fois nu comme un ver (on peut toutefois garder son boxer), vous vous allongez sur le ventre et le massage commence. S'installe un rapport détendu entre la masseuse et le massé. Quelques mots peuvent être échangés avec celles qui parlent bien le Français. La communication reste évasive avec celles qui comprennent peu la langue. Le massage en lui-même varie selon les salons. Certaines excellent dans l'art et l'application, d'autres n'ont visiblement pas été formées aux techniques et improvisent des caresses appuyées. Mais toutes, au bout d'environ 30 minutes, entament un jeu manuel dans la zone des fesses. De massage, il n'est plus question. Il s'agit, désormais, de susciter l'envie. Les caresses se font plus précises, glissent dans l'entrejambe, et quand vient l'heure du retournement, ce moment où vous exposez votre sexe au regard de la masseuse, nul doute sur les intentions de cette dernière.

C'est à ce moment là qu'intervient la fameuse question. "Je masse ici aussi?" demande, d'un ton coquin, la masseuse, en montrant le sexe. "Euh oui, avec plaisir", répond le massé curieux et relaxé. "Je demande un petit supplément," explique celle qui entame des caresses ciblées. "De combien?". "20€, OK?". "D'accord". Le reste de l'heure se déroule donc dans la plus grande sensualité. Aucun fluide n'est échangé, aucun rapport sexuel en tant que tel n'est proposé, il s'agit uniquement d'une longue masturbation, sensuelle, et sans suite. Parfois, la masseuse se laisse caresser, toucher, mais rien de plus.

Parfois, quand l'envie me prend, je vais me faire masser. Et j'aime ça.


mercredi 3 décembre 2014

Lunch break

Je te donnerai rendez-vous dans ce love hotel ou peut-être dans une chambre disponible à la journée. Des endroits pour s'aimer à l'heure du déjeuner et aussi à celle de l'apéritif et du dessert. Tu seras d'abord intriguée puis tu te prêteras au jeu.

Le matin, je t'aurais donné des instructions très précises sur la façon de t'habiller. Toi la coquine, toi l'amoureuse, toi la délurée, tu devras porter cette jolie robe noire qui t'arrive juste au-dessus des genoux et moule si bien ton cul. Dessous, tu porteras tes bas noirs en nylon, ainsi qu'un porte-jarretelles fin. Pas de culotte. Des bottes noires montant à mi-mollet, celles avec le petit talon. Et un manteau long. Pour le haut, tu as le choix, je fais confiance à ton imagination.

Pour te rendre à notre rendez-vous, dans ta voiture, ton coeur battra fort. Je sais que tu feras tout pour ne pas dévoiler la lisière de tes bas en marchant entre le parking et le lieu. Mais quelque chose t'excite déjà dans le fait d'être habillée différemment des autres jours.

Tu apparaîtras au coin de la rue. Paris. Décembre. Le froid, le vent, les gens qui courent pour leurs achats de Noël, et nous, nous apprêtant à nous aimer. Nous entrerons dans le lieu. Je n'y suis jamais allé, je ne sais pas si gêne il y aura, qui nous accueillera, comment l'endroit est agencé.

Mais une fois la porte fermée, nous nous enlacerons comme des amants fiévreux, qui rient en douce de la probable incongruité de l'instant. Nous ferons l'amour longtemps dans cette alcôve de fortune, laissant aller nos envies et fantaisies sans peur de déranger qui que ce soit à côté.

Toi la catin, toi l'amante, toi la maîtresse, toi la chienne, tu seras effleurée, touchée, pénétrée, sauvagement prise jusqu'à ce que pantelante, tu me fasses un signe de tête m'invitant à jouir sur ton visage, ta bouche, ton corps.

Repus, nous nous sourirons comme deux adorables idiots que nous sommes.

Nous prendrons une douche tous les deux, le corps encore traversé des soubresauts de l'étreinte. Je te regarderai te rhabiller, je te prendrai contre moi pour un long baiser.

Au sortir, nous nous embrasserons encore une fois, puis tu partiras dans ta direction et moi dans la mienne.

Toi ma chérie, toi ma douceur.
Toi, mon épouse.


mardi 2 décembre 2014

Ma bucket list sexuelle

[Bucket List]: Tous les Américains en ont une. Une Bucket List est une liste de souhaits/fantasmes/envies à absolument réaliser avant de mourir. Je ne suis ni Américain ni sur le point de mourir. Mais il est bon, de temps en temps, de remettre les choses à leur place, d'arrêter le temps, et de faire un point sur ce qu'on veut vraiment. Arrêter de mentir et de se mentir. Ma bucket list ci-dessous n'est pas exhaustive. De même, certains souhaits ont déjà été réalisés, mais ils appellent à un remix en longueur.

Cette liste m'a été très largement inspirée par l'auteure de ce blog sexy et sensuel dont je vous recommande la lecture assidue.

1/ J'aime tes pieds. J'aime le pied féminin. Je me moque de la symbolique, s'il y en a une. J'aime ça. Retirer ton pied gainé de bas de sa chaussure. Le caresser. Sentir sa chaleur. Sa douceur à travers le nylon. Le masser. Dessous. Puis le porter à mes lèvres, l'embrasser. Le lécher. Dans un monde parfait, je porte tes deux pieds à mon sexe tendu, et je te laisse me masturber doucement, toi assise en face de moi, qui sourit en me regardant partir vers l'orgasme. Je suis sur le dos, ou légèrement assis en tailleur, et tes pieds me conduisent au bonheur. Ma jouissance explose sur tes pieds. Contraste du blanc sur le noir de tes bas. Quand au final tu te redresses pour venir m'embrasser, tes mains se posent sur tes chevilles, et se mêlent à mon sperme. Tu passes tes jambes autour de ma taille, et tu m'embrasses profondément.



2/ Je suis un hétéro de base. Aussi, mon fantasme le plus primal est de faire l'amour avec deux femmes en même temps. Même unité de lieu, de temps, d'espace. Deux femmes qui m'aiment et qui s'aiment. Pas deux putes. Deux femmes pour qui j'ai de l'affection, du respect, du désir. Je me suis déjà retrouvé dans cette architecture, mais à l'occasion d'un massage un peu coquin qui n'a pas débouché sur ce que je veux: vous prendre tour à tour, sentir vos bouches sur moi, mon corps, mon sexe. Jouir à trois. Jouir grâce à vos langues mêlées. Et vous emmener vers l'extase, tour à tour. Puis nous irions dîner et danser, avant de rentrer nous aimer à nouveau. Je sais que ce voeu est l'un des plus difficiles à réaliser. Qu'il serait plus simple d'avoir recours à l'amour tarifé. Mais je veux y croire. Et j'y arriverai.



3/ Je suis donc un hétéro de base, mais catégorie évolué. Je veux dire: je n'ai rien contre toutes les versions de la sexualité, hétéro, gay, bi, trans, peu importe, du moment que chacun y trouve ses plaisirs. Je n'ai jamais été attiré par le sexe d'un homme, mais l'idée que tu me prennes comme une femme m'excite beaucoup. Ma part de féminité que j'assume totalement. Je t'imagine douce et rebelle, un brin autoritaire, un brin lubrique, qui m'ordonnerait de me mettre à quatre pattes, pour te laisser faire, comme tu veux. Ayant confiance en toi, je sais que tu écouteras mes râles, que tu les interpréteras à ta façon, et que tu ne voudras que mon bien et mon plaisir. Je serai femelle, tu seras mâle. Un mâle avec tous les atouts de la féminité. Bien évidemment, tu seras soumise à mes désirs de sodomie en retour. Profonde, et lente.



4/ Je prends pas mal l'avion avec mon boulot tout au long de l'année. Souvent pour des vols transatlantiques, longs et ennuyeux. J'ai tellement entendu parler du club des 10000 que j'aimerais en faire partie. 10000 pour 10000 pieds, une des altitudes des avions (qui, entre l'Europe et les USA volent plutôt à 36000 pieds). Faire l'amour en hauteur. Jouir dans les nuages. Avec une femme inconnue, une passagère dans le même état d'esprit. Un regard appuyé, un verre partagé, et attendre que tout le monde dorme pour s'isoler dix minutes dans les toilettes exiguës d'un A380. La prendre sur le lavabo. Jouir sur ses jambes. L'embrasser. Repartir s'asseoir chacun de son côté. A l'atterrissage, passés douanes et immigration, s'envoyer un signe de la main, et un sourire. Ne plus jamais se revoir.



5/ Toile et nylon. Dans mes jeunes années, faire l'amour au cinéma n'était pas une option. Choisir une séance dans un cinéma parisien art et essai où j'étais sûr qu'il n'y aurait presque personne, s'installer au fond, et attendre le noir complet pour caresser, lécher, pénétrer. J'ai aimé ces folies. Je veux le refaire, mais en plus soft. L'idée serait de proposer à une inconnue, rencontrée quelques heures auparavant, de se rejoindre dans un cinéma. J'en connais très bien, dans le 14e, qui joue des continuations où il y a très peu de monde en général, surtout dans les séances en après-midi. Cette inconnue, dont ce serait le fantasme, ne porterait que sa lingerie sous un long manteau. Assis côte-à-côte, nous nous toucherions, nous faisant discrètement jouir avec nos doigts. Après la séance, elle m'emmènerait chez elle pour de prometteuses explorations.



Et vous, quelle est votre bucket list sexuelle?

lundi 22 septembre 2014

L'inconnue du métro

C'était en 2013. Un jour comme un autre. Un matin comme un autre. Ligne 8. Peu de monde.
Tu es montée je ne sais plus où. Tu t'es assise en face de moi, tu m'as souri.
Tu étais brune, petite, des traits fins. Tout ton visage affichait une plénitude reposante.
D'où venais-tu? Où allais-tu?

Plongé dans mes pensées, j'ai saisi ton regard au vol. Ton sourire. Que regardais-tu avec tant de douceur? Qu'est-ce qui a fait que tu poses tes yeux sur moi?

Souvent, dans le métro, le passager évite le contact, tous les contacts. Il regarde ailleurs, fait semblant de se passionner pour la publicité du fond ou fait mine de regarder par la fenêtre les couloirs noirs qui défilent sans fin.

Mais là, je te regarde qui me regarde. Je te souris. Tu es élégante sans être ultra-chic. Je devine tes formes sous ta chemise. Mon coeur palpite. Je me sens envahi par la curiosité, puis vient le désir.

Celui de te parler, celui de savoir ce qu'il passe dans tes yeux, dans ton corps, à ce moment là.

Je ne suis plus dans le monde, plus dans le métro. Le plus important, dans l'instant, est la tension dans nos regards.

Si j'avais été moins timide, si j'avais été un autre, si j'avais été fou ce matin là, j'aurais osé. Je me serais approché de toi, je t'aurais parlé, j'aurais tenté.

Je suis descendu à la station suivante, c'était Opéra. Je t'ai regardée une dernière fois, ton sourire qui me narguait, ta bouche d'où je pouvais presque deviner des mots que tu me soufflais.

Je n'ai pas pensé à me jeter sur ce site des regards perdus que j'ai découvert trop tard.

Tu resteras un souvenir dans l'immensité du métro parisien.

Toi que j'aurais pu aimer, toi à qui j'aurais du tendre la main.