lundi 22 septembre 2014

L'inconnue du métro

C'était en 2013. Un jour comme un autre. Un matin comme un autre. Ligne 8. Peu de monde.
Tu es montée je ne sais plus où. Tu t'es assise en face de moi, tu m'as souri.
Tu étais brune, petite, des traits fins. Tout ton visage affichait une plénitude reposante.
D'où venais-tu? Où allais-tu?

Plongé dans mes pensées, j'ai saisi ton regard au vol. Ton sourire. Que regardais-tu avec tant de douceur? Qu'est-ce qui a fait que tu poses tes yeux sur moi?

Souvent, dans le métro, le passager évite le contact, tous les contacts. Il regarde ailleurs, fait semblant de se passionner pour la publicité du fond ou fait mine de regarder par la fenêtre les couloirs noirs qui défilent sans fin.

Mais là, je te regarde qui me regarde. Je te souris. Tu es élégante sans être ultra-chic. Je devine tes formes sous ta chemise. Mon coeur palpite. Je me sens envahi par la curiosité, puis vient le désir.

Celui de te parler, celui de savoir ce qu'il passe dans tes yeux, dans ton corps, à ce moment là.

Je ne suis plus dans le monde, plus dans le métro. Le plus important, dans l'instant, est la tension dans nos regards.

Si j'avais été moins timide, si j'avais été un autre, si j'avais été fou ce matin là, j'aurais osé. Je me serais approché de toi, je t'aurais parlé, j'aurais tenté.

Je suis descendu à la station suivante, c'était Opéra. Je t'ai regardée une dernière fois, ton sourire qui me narguait, ta bouche d'où je pouvais presque deviner des mots que tu me soufflais.

Je n'ai pas pensé à me jeter sur ce site des regards perdus que j'ai découvert trop tard.

Tu resteras un souvenir dans l'immensité du métro parisien.

Toi que j'aurais pu aimer, toi à qui j'aurais du tendre la main.


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